Anti-OGM: Contre l’imposition des OGM

Détruire le mythe autour des O.G.M non confinés

Bio-Art: Fragment d’une idéologie fausse et dangereuse qui a déjà séduit des scientifiques irresponsables

Posté par ... le 3/8/2008

artbiotechEduardo Kac prétend avoir inventé une nouvelle forme d’art: l’art transgénique ou “bio-art”. Il milite pour le développement des biotechnologies, et l’appropriation des techniques de transgénèse par les artistes afin de créer de nouvelles espèces génétiquement modifiées.

L’ignorance de ce qu’est la science et la biologie moderne transparaît de manière évidente dans ses propos, qui amalgament notamment les notions de biodiversité et de transgénèse.

La transgénèse utilise la technique de l’ADN recombinant pour introduire artificiellement des séquences génétiques construites en laboratoire dans les cellules d’organismes hôtes en développement. Les plantes et animaux transgéniques ne sont pas de nouvelles espèces ou variétés, mais des espèces et variétés modifiées génétiquement, selon l’imagination des chercheurs en génétique. Cette modification intentionnelle des organismes est clairement anthropocentrique , et selon des artifices détournant des mécanismes naturels, selon une vue réductionniste de l’ADN et de son rôle chez les organismes vivants. Une extrapolation issue de cette technique est la croyance erronée véhiculée par certains groupes, que les généticiens sont devenus maîtres de l’évolution biologique. En fait, la technique de transgénèse est très aléatoire, et sa signification biologique reste très peu claire et non encore véritablement étudiée au regard de la biologie théorique.

La biodiversité, quant à elle, est une notion éco-systémique créée dans les années 80 pour analyser et constater l’impact des activités humaines sur la nature et l’environnement. Cette notion se base sur celle de “diversité biologique”(Lovejoy, 1980), inhérente à l’évolution dans son acceptation scientifique et biologique du terme. Les animaux et plantes transgéniques n’étant pas de nouvelles espèces biologiques dans le cadre de la théorie de l’évolution, ils ne concernent nullement la notion de biodiversité, ou alors dans le sens que leur diffusion massive dans l’environnement peut effectivement poser problème quant aux questions relatives à la biodiversité, en tant que synonyme de diversité biologique naturelle, compte tenu de la dissémination des transgènes dans la nature par différents modes de transferts biologiques et géologiques.

Aussi, quand Eduardo Kac affirme: « Comme au moins une espèce menacée disparaît tous les jours, je suggère que les artistes contribuent à accroître la biodiversité en inventant de nouvelles formes de vie. »(1), cela montre que cet artiste n’ a compris ni l’une ni l’autre de ces notions, et qu’il n’a clairement aucune idée de ce qu’est la théorie scientifique de l’évolution. D’autre part, quand il affirme de manière péremptoire: «Nous commençons à peine à réaliser que nous sommes nous-mêmes des microchimères, des êtres transgéniques.»(2), son incompréhension de ce qu’est la technique de l’ADN recombinant est claire, et montre une fois de plus que des penseurs idéologues, comme à toutes les époques, entendent détourner la science et les activités scientifiques à des fins politico-sociétales.

Mais plus grave, quand Bernard Debré, scientifique de formation et membre du comité consultatif national d’éthique (CCNE) déclare également: « les hommes sont eux-mêmes des OGM en raison de leur adaptabilité au milieu, laquelle a pris des milliers d’années. »(3), il devient clair que le débat sur l’utilisation des techniques de l’ADN recombinant a pris une tournure très malsaine et frauduleuse dans la société, et au coeur même des instances décisionnelles. Comme la vision de Kac d’un monde transgénique, qui ne se fonde que sur des extrapolations fantaisistes et spéculatoires de la science et de l’usage des techniques scientifiques, la communication gouvernementale et celle de certains organismes sur les OGM, traduisent au mieux un amalgame grotesque, au pire une propagande idéologique et commerciale décomplexée, et complètement déresponsabilisée.

Cette idéologie biotechnologique a déjà séduit des scientifiques irresponsables, notamment aux Etats-Unis, pays qui a imposé les OGM à la population sans aucun étiquetage, et transformé la recherche technique scientifique en moyen de production de marchandises brevetées. En effet, le renommé Massachussets Institute of Technology (MIT) a publié un livre dirigé par Kac sur l’ “art transgénique” en décembre 2007, intitulé “Sign of lifes, Bio-Art and beyond”, et l’activité de Kac a été largement diffusée dans de nombreux journaux consacrés à l’art moderne. Joe Davis, biologiste moléculaire travaillant au MIT, est également connu pour ses activités artistiques dans le cadre des activités de son laboratoire et a participé au livre, avec une dizaine d’autres universitaires, scientifiques ou artistes s’étant investis dans cette nouvelle “discipline”.

Nul doute que cette idée d’art transgénique(4) doit ravir les tenants de l’agroindustrie et des multinationales de la biotechnologie OGM, qui voient ainsi leur propre idéologie renforcée et promue dans le grand public.

Malheureusement, à force de faire prendre la science pour ce qu’elle n’est pas, de la détourner et de manipuler le vivant à des fins puériles et égocentriques, s’impose peu à peu l’idée fausse que la technique peut tout faire et n’importe quoi.

Soyons donc très clair, et refusons cette logique irrationnelle et du spectaculaire: on ne peut pas tout faire et n’importe quoi avec le vivant. Non seulement pour des raisons de sécurité sanitaire et environnementale, pour des raisons de vigilance contre les dérives de type technocratique, pour des raisons de salubrité intellectuelle et de sérieux scientifique, et enfin, parce que les décisions prises aujourd’hui par quelques initiés de l’agroindustrie et de la biotechbusiness engagent non seulement les citoyens d’états particuliers, mais aussi la population mondiale toute entière, comme le dénotent les pressions de l’OMC pour imposer les OGM agricoles dans le monde sous prétexte de la libre circulation des “marchandises”.

(1)Le guide des chimères, Libération, lundi 9 juin 2008

(2)”Chiens verts et autres chefs-d’oeuvre”. Un animal transgénique peut-il être considéré comme une oeuvre d’art ? par Philippe Chartier, Québec Sciences, Septembre 1999.

(3)Il est interdit d’interdire les OGM : le retour annoncé du mon68. Anti-OGM.info, 16 mai 2008
-La politisation du CCNE est dès le départ questionnable: Bernard Debré étant également un député UMP.

(4)L’art à l’ère des biotechnologies, Mathieu Noury, Editions Le Manuscrit, 05/09/2006

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