La recherche en biologie appliquée est actuellement gouvernée par des idéologies fausses et dangereuses pour l’esprit scientifique et la science elle-même. Alors que les chaires de biologie des sols ont disparu des universités au profit de la promotion d’une agriculture basée sur les intrants synthétiques toxiques pour la faune, la flore et l’environnement, c’est toute une conception du vivant cohérente et rationnelle, basée sur l’évolution, qui est aujourd’hui mise en danger par l’industrialisation de méthodes de modifications génétiques par l’industrie semencière.
En prônant de manière fausse la réduction de l’utilisation de pesticides, alors que les ventes d’herbicides totaux ont explosé en Amérique suite à l’introduction des variétés génétiquement modifiées résistantes au glyphosate, le développement de l’industrie semencière agrogénétique non seulement s’avère participer à une tromperie généralisée sur les impacts environnementaux de leur marchandise, mais de plus est accompagnée par un dévoiement de l’esprit scientifique dans les institutions politiques officielles en charge de la sécurité alimentaire et environnementale, comme en témoigne la compromission des instances politiques américaines et européennes en la matière, notamment en ce qui concerne les organismes en charge de la sécurité alimentaire comme l’EFSA ou la FDA. Lire le reste de l’article »
ARTE a récemment diffusé un documentaire analysant la crise alimentaire mondiale. Le document intitulé “Vers le crash alimentaire ?” semble toutefois associé à une forme de promotion molle des OGM et ne pas aller au bout de son questionnement. Critique.
En ne clarifiant pas assez la problématique des OGM et en oubliant de mentionner par moments si les cultures évoquées sont OGM ou non, ou quels impacts véritables ont les semences de type OGM sur l’économie tant en terme de hausse des coûts de production, que de brevetisation ou d’externalités négatives à la production et à la consommation, le documentaire apparaît comme manifestement incomplet.
Le portrait alarmiste de la situation agricole mondiale -ce qu’il est -, omet de plus les véritables causes des problèmes structurels agricoles, que sont les fragmentations politiques, communautaires et nationales. Même s’il dénonce les dérives liées à la mise en compétition des agriculteurs dans un modèle économique concurrentiel à l’échelle mondiale, celles liées à la production massive d’agrocarburants, ainsi que les conséquences environnementales et sociales catastrophiques de la culture des OGM en Argentine, le documentaire proposé par ARTE semble finalement participer au statu quo généralisé sur les problématiques agricoles modernes, en laissant notamment libre cours à quelques formes d’irréflexions technoscientistes ou d’acceptation molle de la transgénèse agricole par certains intervenants. Lire le reste de l’article »
“COMPRENDRE LES OGM”, Organisation : Le RADIANT de Caluire et ARTHROPOLOGIA, mise en image par la Télévision Paysanne. Résumé : Conférence, rencontre autour des Organismes Génétiquement Modifiés. Où en est-on vraiment avec ces chimères transgéniques ? Intervenants :
Hugues Mouret : Naturaliste, Directeur d’Arthropologia, administrateur de RésOGM infos.
Christian Vélot : Docteur en biologie, Maître de conférences en Génétique Moléculaire à l’Université Paris-Sud, Membre du Conseil Scientifique du Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie Génétique (CRIIGEN).
Le développement des OGM agricoles s’inscrit dans une démarche industrielle et économique de croissance indéfinie, dans une logique de compétition économique entre entreprises concurrentes au sein d’un “marché du gène”. Cette logique est elle-même définie et inscrite dans une compétition entre nations ou groupes de nations formant des pôles économiques concurrentiels.
Outre la décision prise en-dehors des citoyens de l’imposition de l’acceptation juridique des brevets au regard de la matière vivante manipulée par certaines techniques de génie génétique dont la transgénèse, la logique de marché sous-tendant le développement industriel d’entreprises comme Monsanto et autres, est foncièrement incompatible avec les rythmes naturels imposés par les contraintes biologiques, géologiques et environnementales des systèmes agricoles incorporés dans un milieu écologique donné.
Le journaliste Hervé Kempf discute de la thématique globale de la croissance dans la conférence ci-jointe, au regard des différentes préoccupations environnementales actuelles. Il évoque la nécessité de réduire la consommation matérielle, à l’inverse de l’idéologie dominante de la société toute entière qui donne à la consommation une importance idéologique illimitée et primordiale dans la société. Le terme “réduire” semble ici assez répressif, et il s’agit de comprendre que le système économique actuel est destructeur de l’environnement, tout comme il est destructeur à de multiples niveaux sociaux. Il ne s’agit donc pas de manière générale, de réduire la consommation en tant que telle, qui est à la base du système économique tout entier, ou de se poser de nouvelles limitations ou d’instaurer une politique de rigidité économique alors que l’inflation se fait sentir sur les produits de première necessité eux-mêmes, mais d’apprendre à consommer, mais aussi à produire autrement. Une telle approche ne peut que raisonnablement s’orienter vers une diminution naturelle des produits de consommation superflus, encombrants et polluants qui sont développés massivement dans la société.
Aussi, plus que la croissance, ce sont la compétition et la concurrence qui sont des concepts à comprendre et à déconstruire aujourd’hui. Car ce sont ces modalités de pensée, à titre personnel comme collectif, qui sont à l’origine ou le moteur de ce développement économique destructeur tout entier. Il ne s’agit donc pas de militer pour un concept de non-compétition, ou un concept comme la décroissance, qui est une réaction au concept de croissance, et qui donc porte dans ses fondements les principes mêmes de la croissance, dans une version opposée, ou bien pour des utopies écologiques ou sociales, nouvelles ou anciennes, mais il s’agit de comprendre l’aspect destructeur du système économique actuel dans son entier, basé sur la compétition, la comparaison et la concurrence, et ce quels que soient les domaines d’activités.
En créant un “marché du gène”, ce système économique et sociétal autorise notamment dans cet aspect particulier des activités humaines qu’est l’agriculture, la propriétarisation des sources biologiques d’alimentation par des entreprises privées en guerre économique, et le développement d’organismes génétiquement manipulés, alors que l’impact de ces techniques est inconnu à moyen ou long terme, et que leurs modalités de développement économique sont infondées, comme le sont les brevets sur la matière vivante manipulée, étendus aux organismes vivants eux-mêmes.
Extrait d’un documentaire à destination des professionnels agricoles et des consommateurs responsabilisés du grand public, diffusé dans le cadre du festival international du film scientifique ‘Parisciences’ tenu du 08 au 12 octobre dernier au Museum d’Histoire Naturelle, Paris Vième.
“ Face à une dégradation des terres agricoles et à une croissance démographique importante, la Chine mise sur une révolution agricole rapide afin d’assurer sa production alimentaire. En septembre dernier, le gouvernement chinois a ainsi annoncé accorder 3,5 milliards de dollars à la recherche agronomique sur les organismes génétiquement modifiés.”
Quel rapport agronomique entre la lutte contre la dégradation des terres agricoles et le développement de cultures OGM ? Assurément aucun. Pourtant, cette présentation diffusée par le webzine Spectrosciences, est issue de l’article intitulé “China Plans $3.5 Billion GM Crops Initiative“, paru dans le magazine Science du 5 Septembre 2008: Vol. 321. no. 5894, p. 1279, de Richard Stone, actuel éditeur pour l’Asie du magazine scientifique de référence au niveau international, après en avoir été le chef de bureau européen il y a quelques années. Richard Stone, qui n’est pas biologiste de formation, est professeur de journalisme scientifique, et diplômé de géophysique. Ceci explique-t-il cela ? Ou n’est-ce là qu’une feuille, cachant la forêt de propagande de l’industrie agrogénétique ? Lire le reste de l’article »
Pierre-Henri Gouyon et Yves Chupeau étaient invités récemment à un débat sur les OGM dans l’émission “Ce soir ou jamais”. Lors de ce débat grand public, nous pouvons retrouver dans l’argumentaire de Yves Chupeau quelques grands poncifs infondés des promoteurs de ces produits: 1) Les transferts de gènes comparables à ceux de type biotechnologique se font “depuis la nuit des temps”, ce qui est faux, car les transferts de gènes horizontaux naturels sont différents dans leur signification biologique, dans leurs modalités, des transferts de gènes de type biotechnologique, et possiblement dans les types de gènes impliqués. 2) Les OGM permettent de diminuer l’utilisation de pesticides (ou herbicides) et leur critique occulte le débat sur les pesticides: on peut répondre que le pesticide des OGM de type Bt est sélectif, et que les mécanismes d’adaptation ou de résistance des insectes face à ces nouvelles plantes sont prouvés, limitant ainsi leur efficacité. Les objectifs de réduction d’intrants chimiques sont par ailleurs contestés. D’autre part, le débat sur les dangers des pesticides dans l’opinion publique n’est que très récent tout comme celui des OGM. Il est donc faux de dire que l’un occulte l’autre, car si les dangers des pesticides sont plus anciens que ceux liés aux OGM, les deux thématiques sont étroitement liées et n’ont été largement médiatisées que ces dernières années. 3)La comparaison des techniques de génie génétique à des techniques agronomiques traditionnelles (comme le labour): cela n’a manifestement rien à voir. 4)L’utilisation d’un vocable non argumenté ni défini et tendancieux: progrès génétique, amélioration végétale par génie génétique. 5) Enfin, Yves Chupeau pour défendre la censure qui a animé la communauté scientifique en ce qui concerne les travaux d’Arpad Putzaï, fait une affirmation assez étonnante: “Les pommes de terre sont toxiques pour les rats“. Si tel est le cas, on se demande pourquoi l’INRA a basé sa méthodologie d’analyse des OGM, la métabonomique, en 2005, en donnant des pommes de terre génétiquement modifiées à ces mêmes animaux… L’Institut de Recherche National Agronomique français aurait-il fait complètement fausse route dans sa méthodologie d’analyse des risques sanitaires liés aux OGM ? C’est ce que semble dévoiler sur France 3, ce chercheur, directeur de l’unité de biologie cellulaire à l’INRA de Versailles. Terminant par la question des brevets, cette émission/débat sur les OGM conclut finalement très logiquement que “le débat sur les OGM n’a même pas encore commencé“, et qu’il faut “oublier tout ce que l’on a entendu jusqu’à présent et commencer maintenant à s’intéresser aux OGM“.
« Désolé, mais nous n’avons toujours pas trouvé le coupable à l’origine des affaiblissements de colonies d’abeilles (CCD). En fait, il y a sûrement plusieurs coupables », Jeff Pettis, entomologiste au ministère américain de l’Agriculture, symposium du 11 décembre 2007 à San Diego (Californie), Congrès annuel de l’association des Entomologistes Américains. (cité sur le blog de Gil Rivière-Wekstein, lanceur de la lettre d’information à tendance pro-OGM: Agriculture et Environnement)
Un court-métrage résumant les nuisances de l’agriculture et de la société moderne sur les abeilles, sans beaucoup d’émoi de la part de nos dirigeants. Aux Etats-Unis, les instances décisionnelles ont décidé d’en importer massivement pour faire face à leur disparition. Cela montre dans quelle direction peut s’acheminer une politique aveugle qui place le développement économique au dessus du questionnement et de la remise en cause des modes de production, et la recherche de technicité maximale au détriment de l’environnement. Les OGM, loin de révolutionner l’agriculture, s’inscrivent dans ce même mode de développement où la productivité doit être maximale, avec l’illusion du contrôle de la matière vivante en plus, basée sur des analyses de produits à très court terme, et sous-tendant une diffusion rapide, massive et irréversible dans l’environnement de ces produits non sérieusement testés.