Anti-OGM: Contre l’imposition des OGM

Détruire le mythe autour des O.G.M non confinés

Science Magazine dérape dans le marketing sur la question des OGM

Posté par ... le 13/10/2008

Face à une dégradation des terres agricoles et à une croissance démographique importante, la Chine mise sur une révolution agricole rapide afin d’assurer sa production alimentaire. En septembre dernier, le gouvernement chinois a ainsi annoncé accorder 3,5 milliards de dollars à la recherche agronomique sur les organismes génétiquement modifiés.

Quel rapport agronomique entre la lutte contre la dégradation des terres agricoles et le développement de cultures OGM ? Assurément aucun. Pourtant, cette présentation diffusée par le webzine Spectrosciences, est issue de l’article intitulé “China Plans $3.5 Billion GM Crops Initiative“, paru dans le magazine Science du 5 Septembre 2008: Vol. 321. no. 5894, p. 1279, de Richard Stone, actuel éditeur pour l’Asie du magazine scientifique de référence au niveau international, après en avoir été le chef de bureau européen il y a quelques années. Richard Stone, qui n’est pas biologiste de formation, est professeur de journalisme scientifique, et diplômé de géophysique. Ceci explique-t-il cela ? Ou n’est-ce là qu’une feuille, cachant la forêt de propagande de l’industrie agrogénétique ?

Ce n’est en effet pas la première fois que la presse professionnelle scientifique apparaît incompétente ou tout au moins idéologiquement orientée dans son traitement de l’information autour des Organismes Génétiquement Modifiés agricoles. Ainsi en novembre 2001, un article de David Quist et Ignacio Chapela publié dans la revue Nature et portant sur la dissémination de transgènes dans les variétés locales de maïs mexicains, avait déjà été attaqué, après des pressions exercées sur le comité de rédaction, et une campagne de désinformation autour des scientifiques, soupçonnée d’avoir été orchestrée selon une étude journalistique de Marie-Monique Robin par la compagnie Monsanto elle-même, au travers du réseau professionnel de propagande agrogénétique AgBioWorld.

La sortie de Richard Stone sur les OGM en Asie, et ce malgré son incompétence manifeste dans le domaine agronomique, semble ainsi confirmer l’existence d’une crise majeure au sein de la presse scientifique internationale. En effet, contrairement à ce qui est sous-entendu dès l’abstract (résumé) de l’article, le développement des OGM n’aide en rien à l’amélioration des sols ou à leur bonne gestion, bien au contraire, comme dans le cas des organismes génétiquement modifiés pour résister à des herbicides totaux comme le RoundUp, dont les agriculteurs aspergent copieusement leurs parcelles de cultures, polluant durablement les sols avec des composés toxiques multiples, rémanants ou dont la décomposition chimique est plus qu’incertaine et l’absorption biologique, inconnue dans ses effets à moyen ou long terme. Aussi, l’amalgame entre la gestion des sols et le développement des OGM, problématiques agronomiques qui n’ont absolument aucun rapport entre elles, est caduque, les OGM agricoles n’étant, répétons-le, aucunement un outil de meilleure gestion des sols, ni un moyen de lutter contre leur dégradation, qui représente l’un des problèmes majeurs que rencontre aujourd’hui l’agriculture mondiale monoculturelle, productiviste et chimique.

En présentant de manière superficielle et faussée une problématique agronomique multiple, le magazine Science, qui a ouvert un bureau à Pékin en 2007, prolonge l’idéologie fausse et généralisée que les OGM sont une solution technologique à toutes les problématiques agricoles, que ce soit la question des sols, de l’eau, ou de la productivité face à une démographie croissante. Cette démarche apparaît s’inscrire dans un développement économiquement forcé des OGM en Chine, suite à l’entrée de cette dernière dans le cadre de l’OMC en décembre 2001, et préparée depuis déjà plusieurs années par l’introduction du coton génétiquement modifié sur le territoire dès 1995 par la compagnie Monsanto, sans tenir compte de l’opinion publique, ni de celle des agriculteurs.

Dans une direction idéologique semblable et imposée, avec un autre article très récent du 18 septembre 2008 et intitulé ‘GM Crops Make Good Neighbors’, le même Richard Stone se livre également à une opération de marketing pour le coton Bt en Chine, en affirmant que non seulement celui-ci réduirait l’usage des pesticides, ce qui est très controversé y compris par certains tenants de ces technologies, mais de plus que l’utilisation de ces plantes GM permettrait également de contrôler la population des larves de papillons (Helicoverpa armigera) pour les autres cultures de céréales, car ces insectes migrant facilement d’une parcelle à l’autre et sur de longues distances, pondraient cependant de manière préférentielle sur les plants de coton. Les larves s’intoxiquant avec le coton Bt, la culture de ce dernier permettrait donc de contrôler la présence de ces nuisibles pour l’”ensemble des cultures de coton de la région“, selon les propos de Wu Kong-Ming de l’Institut de Protection des Plantes de l’Académie Chinoise des Sciences Agricoles à Pékin, dont les résultats sont publiés dans la revue du 19 septembre.

Outre qu’il n’est pas prouvé que l’effet observé de décroissance spéciste des papillons dans les cultures s’explique exclusivement par la ponte préférentielle sur les plants de coton et notamment Bt (ce qui serait une explication pour le moins curieuse scientifiquement…, d’autant plus que le ratio entre les cultures de coton (GM plus non GM) et les autres cultures n’est que de 3/22= 0,136), l’article de Stone informe également qu’un nouvel insecte ravageur, de la famille des miridés, gagne actuellement en force, nécessitant des recherches pour de nouveaux cotons OGM. Aussi, en ciblant de manière spécifique une résistance à des ravageurs particuliers, non seulement, les organismes génétiquement modifiés sont extrêmement vite dépassés par la nature elle-même et les attaques de nouveaux ravageurs, mais de plus, ces technologies peuvent favoriser chez les insectes des mutations et résistances aux toxiques naturels comme le Bt, comme cela a été prouvé en ce debut d’année.

Comme l’annonce Spectrosciences, cet effort de marketing pour les biotechnologies végétales a pour objectif la persuasion de l’opinion publique en faveur de technologies très mal connues de manière générale par la population chinoise, notamment en prévision de l’ouverture du marché à la production massive de riz génétiquement modifié breveté, qui ne tardera pas à envahir le marché de la consommation mondiale, si le pays s’engage fortement dans ces technologies, comme l’investissement de 3,5 milliards de dollars en recherche et développement sur ce type de produits le laisse supposer. Plus à craindre de ce développement de l’agrogénétique en Chine, le webzine conclut qu’il est “difficile de savoir si le débat public accordera aussi la parole aux protestations, même justifiées…“, compte tenu du contexte décisionnel politique prêté à l’administration chinoise par les chroniqueurs occidentaux. Vu le sort réservé aux protestations justifiées dans un pays comme la France et la force active des lobbies de l’industrie au niveau des décisions politiques en faveur des OGM au niveau européen, il est effectivement à craindre que l’administration politique chinoise ne s’engage de manière unilatérale avec les Etats-Unis, dans une compétition destructrice pour l’environnement et les libertés de consommation publique au niveau de l’alimentation humaine, suite aux mauvais conseils et à la propagande des lobbies de l’industrie agrogénétique, aidés en cela par quelques magazines de référence scientifique internationaux dont certaines publications en ce domaine s’avèrent plus que questionnables, et prêtant notamment à controverse.

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