Anti-OGM: Contre l’imposition des OGM

Détruire le mythe autour des O.G.M non confinés

Retour sur les rats nourris aux OGM : la santé est-elle assez considérée ?

Posté par ... le 29/2/2008

En matière de sécuritaire alimentaire, en ce qui concerne les OGM actuellement commercialisés ou en cours de commercialisation, des expérimentations ont été effectuées par les firmes semencières sur des rats. Les controverses issues de ces études n’ont pas été éclairées de manière assez élargie, et montrent que bien des occultations sont faites sur ce sujet relatif à la santé publique et l’environnement.


Les OGM ont-ils des effets sur les organismes ?


Oui, indéniablement. De nombreuses études comparatives faites avec des rats sur différents OGM agricoles montrent qu’il y a des modifications biologiques significatives chez ces mammifères. Dans le cas du maïs mon863, autorisé à la commercialisation sur le territoire français, ces effets ont été unanimement reconnus, y compris par la compagnie Monsanto.

Ces effets sont-ils de nature à porter atteinte à la santé des organismes ?

Toutes les compagnies semencières productrices d’OGM affirment que non et considèrent les effets biologiques observés comme ne relevant pas de phénomènes toxicologiques signifiant une atteinte à la santé de ces animaux.

C’est sur cette double position que se déroule le débat pro et anti OGM au niveau sanitaire, et qui a permis notamment l’autorisation récente (2006) de la mise sur le marché du maïs mon863 pour l’alimentation humaine et animale, mais pas pour la culture dans l’Union Européenne.


Les expérimentations sur les rats et leurs limites théoriques

Une étude [1] de Monsanto de 2004 portant sur des rats sur une période de 13 semaines (3 mois) étudiait l’impact de la consommation de soja modifié "RoundUp Ready" chez ces mammifères. La conclusion de Monsanto est l’équivalence entre le soja modifié génétiquement et les sojas conventionnels. Une équipe italienne a quant à elle montré la présence de modifications biologiques significatives chez des rats nourris à cet OGM à 24 semaines (6 mois) en 2005[2], une autre étude ayant déjà montré en 2002 des modifications chez des souris nourries à un soja GM[3]).

Une étude similaire de la firme Monsanto, relative à la consommation de maïs mon863 chez des rats, a été réalisée sur 3 mois, par une équipe sensiblement identique, et a abouti à la même conclusion qui est celle de l’équivalence de ce maïs transgénique aux maïs conventionnels. Une seconde étude[4] de Monsanto, en 2006, aboutissait aux mêmes conclusions.

En 2002, une étude néerlandaise[5] remettait cependant déjà en question la pertinence du paradigme d’équivalence en substance entre les aliments génétiquement modifiés et les aliments conventionnels, en en montrant les limites. De part la nécessité d’avoir des aliments comparatifs issus d’une lignée parentale génétique proche, les limites des méthodes de détection des modifications génétiques, et les incertitudes concernant les variations naturelles des constituants des aliments étudiés, le paradigme d’équivalence en substance présente de nombreuses faiblesses. La technique d’obtention des organismes transgéniques par bombardement via canons à gènes (biolistique) introduit une incertitude supplémentaire et reléguée aux oubliettes par les firmes semencières et organismes de contrôle, qui est celle du taux de mutagénèse insertionnelle (mutations génétiques incontrôlées liées à cette technique) comparativement à celui de modifications génétiques inattendues lors d’hybridations classiques.

L’historique du débat-controverse en France sur le mon863 :

C’est après de longs mois d’obstacles administratifs que des associations civiles et le CRII-GEN ont obtenu, après saisie notamment de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA), des pièces complétant le dossier de ce maïs et permettant d’assurer un minimum de transparence concernant l’industrialisation et la diffusion de ce produit, notamment au niveau sanitaire.

Le 18 juillet 2003, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA), avait rendu un avis favorable à la commercialisation et à la diffusion du maïs mon863, rédigé par Martin Hirsch, mais défavorable au maïs transgénique hybride "mon863*mon810", peu de temps après un premier avis favorable de la Commission du Génie Biomoléculaire (CGB) daté du 21 juin 2003. La CGB sera appelée à rendre un autre avis la même année et trois autres en 2004, tous favorables au mon863. Une étude publiée en mars 2007 dans les Archives of Environmental Contamination and Toxicology[6] remettait en question la salubrité de cet OGM en montrant des modifications biologiques chez les rats nourris au mon863.

Le 15 juin 2007, la Commission du Génie Biomoléculaire reconnaissait dans un avis rédigé par Marc Fellous, président de la CGB, la présence de différences statistiques significatives entre les rats nourris au maïs transgénique et ceux nourris au maïs conventionnel, mais excluait le caractère de toxicité de ces observations, tout en reconnaissant "l’insuffisance de certaines interprétations statistiques de Monsanto"[7].

La philosophie de la CGB en matière de sécurité alimentaire est définie comme suit :
L’évaluation des risques potentiels pour l’homme et pour l’environnement liés à la dissémination d’un organisme génétiquement modifié est d’autant plus facile que la modification génétique (transgène) est aussi limitée que possible et que sa nature est parfaitement connue ; (cache de la page du premier site de la CGB, présentation adressée à OGM.gouv.fr en 2007. Ce n’est que tout récemment (début 2008) que les documents et comptes-rendus de la CGB ont été mis en ligne sur le site gouvernemental, et par des mises à jours non datées.

Dans l’investigation journalistique "OGM : l’étude qui accuse"(90 Minutes, M. Despratx), datée de 2005, Marc Fellous, président de la CGB, évoquait cependant l’existence de "lésions" chez les rats ayant été nourris au mon863 :

Ça été analysé par trois experts, et ils ont trouvé que c’était des lésions tout à fait banales pour eux, ce sont des lésions qu’on trouve chez les rats qui commencent à vieillir. Marc Fellous, Président de la CGB, 90 Minutes, 2005

Dans ce même entretien, questionné sur l’utilisation du mon863 au long terme, Marc Fellous affirmait :

"Ces rats ont été nourris à 90 jours, peut-être qu’au bout de quatre cinq ans, peut-être qu’on va avoir quelque chose…"

ou encore, contrastant fortement avec l’assurance prônée dans la prise de position "philosophique" de cette commission :

"Je ne peux pas éliminer la possibilité que euh au bout de 10 ans 20 ans il apparaisse quelque chose. Je ne peux pas l’éliminer". Marc Fellous (ibid)

Le 26 avril 2007, après consultation de la nouvelle étude, l’AFSSA réémettait un nouvel avis favorable à la commercialisation de ce maïs "en vue de son importation, de sa transformation et de son utilisation comme tout autre maïs en alimentation humaine."

L’Agence conclut notamment qu’il est :

"[…]scientifiquement non fondé d’avancer une toxicité hépatique ou rénale sur la base de la variation de quelques paramètres sans mettre en perspective l’absence d’effet sur d’autres paramètres biochimiques, et qui plus est, l’absence de lésions histologiques."

 

Position actuelle et limites des protocoles opératoires


Pour récapituler, nous sommes donc en présence d’expérimentations montrant des modifications biologiques chez les rats nourris aux OGM, et d’interprétations officielles de ces expérimentations, montrant "positivement" l’innocuité de ces produits sur la santé animale et donc, "à posteriori", humaine. Ce que le CRII-GEN indique cependant et qui faisait conclusion de son premier rapport sur le mon863, est qu’aucune étude de toxicité indépendante n’a été faite en parallèle de celle dirigée et interprétée par la compagnie Monsanto, et que l’interprétation de ces données peut (et doit, dans ce contexte) être controversée[8].

En effet, l’expérience n’a jamais été réitérée à la suite de la controverse de cette année, et les comités s’étant succédés ont tous confirmés l’existence de modifications biologiques, sans aller plus loin, n’y remettre en question officiellement le protocole opératoire lié à cette étude, alors que certaines questions ne semblent pas abordées:

  • -Pourquoi la contre-expertise n’a-t-elle été faite que sur papier, "en aveugle" selon l’expression de la CGB ? (expérimentation non reproduite)
  • -Quelle est la tranche d’âge des rats de l’expérience ? Si d’après Marc Fellous, les "lésions" trouvées se retrouvent chez des rats qui commencent à vieillir, les expériences ont-elles été réalisées avec de vieux rats, et pourquoi ?
  • -Pourquoi cette étude n’a-t-elle été menée que sur 90 jours, alors que la durée de vie moyenne d’un rat est d’approximativement trois ans ?

Il semblerait prudent et logique de réaliser ces expériences sur la durée de vie d’un rat, voire sur plusieurs générations de rats, étant donné la rapidité du cycle de reproduction chez ces mammifères. Le CRII-GEN recommande notamment[8] l’établissement, entre autres, d’expériences sur une durée de deux ans, ce qui peut paraître encore assez court, pour tirer des conclusions raisonnables sur l’impact de la consommation de ces organismes modifiés sur des rats.

Pour des questions aussi importantes que celles touchant à la santé publique, et devant la grande volonté de transparence de la société civile sur cette thématique, il apparaît nécessaire que des études multiples, sérieuses et indépendantes soient menées sur le long terme en ce qui concerne l’aspect sanitaire des OGM agricoles, si le but est d’en commercialiser et de s’en servir dans l’alimentation. La grande majorité des scientifiques s’accordent pour affirmer leur ignorance et l’incertitude concernant les effets à long terme des OGM agricoles sur la santé des animaux et de l’homme, ainsi que sur l’environnement.

Pour chaque OGM, la demande de transparence est un effort perpétuel d’associations civiles et de chercheurs indépendants face au secret industriel, aux techniques de lobbying industriel auprès des états et des agricuteurs, et aux études de communication destinées aux organismes de contrôle. Devant l’impossibilité, pour de simples citoyens, d’avoir des réponses à des questions importantes touchant à la santé publique, que pouvons-nous faire pour exiger la transparence sur ces questions ? Peut-on toujours avoir confiance en des institutions favorisant la position de firmes industrielles, et non la recherche publique et indépendante sur des questions de santé et d’environnement ? Le CRII-GEN, dans une réponse à l’AFSSA (et à la Monsanto Company), a maintenu ses positions concernant le mon863, en relevant des erreurs apparues dans l’avis rédigé par l’agence française de sécurité sanitaire des aliments[9]). Dans ces conditions, que penser d’études succintes et non reproduites par des laboratoires indépendants portant sur la santé publique, et de la commercialisation précipitée de produits dont les effets réels sur les organismes sont ignorés ou minimisés, malgré l’incertitude concernant l’impact sanitaire et environnemental à long terme ? La santé publique est-elle assez considérée ?

par (AB)

[1] [2004 MONSANTO TECHNICAL PUBLICATIONS][ncbi.nlm.nih.gov]Results of a 13 week safety assurance study with rats fed grain from glyphosate tolerant corn, Hammond et Al, Food Chem Toxicol. 2004 Jun ;42(6):1003-14.
[2] “A diet containing genetically modified soybean affects cell nucleus ageing in mice”, S. Battistelli et al., poster au 48ème symposium de la société d’histochimie, 7-10 sept. 2006, Italie (aussi sur conference Epigenetics, Transgenic plant and Risk Assesment, december 2005)
[3] [pubmedcentral.nih.gov]Ultrastructural analysis of pancreatic acinar cells from mice fed on genetically modified soybean, Malatesta et Al., J Anat. 2002 November ; 201(5) : 409-415.
[4] [CAST.INIST.FR][ncbi.nlm.nih.gov]Results of a 90-day safety assurance study with rats fed grain from corn rootworm-protected corn ; Hamond et Al, publiée en 2006 dans la revue Food and chemical toxicology.
[5] [CAT.INIST.FR][ncbi.nlm.nih.gov]Substantial equivalence—an appropriate paradigm for the safety assessment of genetically modified foods ?, Kuiper and Al., Toxicology. 2002 Dec 27 ;181-182:427-31. Review.
[6] [CRII-GEN version française][ncbi.nlm.nih.gov]New analysis of a rat feeding study with a genetically modified maize reveals signs of hepatorenal toxicity. G.E., Séralini, D. Cellier, J. Spiroux de Vendomois. Arch.Environ. Contam. Toxicol. (2007) 52, (4) pp 596-602 (curieusement non repris par CAT.INIST.FR)
[7] [OGM.gouv.fr, 24 pages, pdf] Avis de la Commission du Génie Biomoléculaire relatif à la nouvelle analyse portant sur le maïs mon863, 15 juin 2007
[8] [CRII-GEN] rapport sur le maïs génétiquement modifié mon863, juin 2005
[9] [CRII-GEN] note suite à l’avis de l’AFSSA n°2007-SA-109 du 26 avril 2007

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