Anti-OGM: Contre l’imposition des OGM

Détruire le mythe autour des O.G.M non confinés

Famine : spiruline et agriculture vivrière sont des alternatives immédiates aux OGM

Posté par ... le 30/4/2008

Alors que la propagande du lobby proOGM bat son plein, instrumentalisant à son profit la crise alimentaire mondiale générée par la spéculation sur les aliments, des solutions efficaces pour lutter contre la malnutrition existent mais ne sont curieusement pas abordées dans les débats.

La spiruline, outil contre la malnutrition sévère
La spiruline, ou Arthrospira platensis, est une cyanobactérie ou micro-algue de couleur verte, vieille de plus de trois milliards d’années et qui est considérée comme l’un des micro-organismes les plus anciens de la planète. Elle était déjà connue et consommée par les Aztèques au XVIe siècle, et fut décrite dans le Codex de Florence, série de livres rédigée au Mexique par un moine franciscain, qui est devenue la principale source d’informations sur la culture Aztèque:

Description d’une récolte d’algues et de gâteau d’algues faits par les Aztèques (Codex de Florence, Fin XVIe siècle)

Redécouverte en 1960, elle dispose d’un intérêt nutritionnel exceptionnel, au point que le Conseil des Nations-Unies a développé une institution pour la promotion de sa culture et de son utilisation pour lutter contre la malnutrition sévère : l’IIMSAM. Cultivée sur tous les continents, la Chine en est le premier producteur au monde. Au Tchad, les galettes traditionnelles de Spiruline s’appellent Dihé et sont considérées par la FAO comme une des sources de la bonne santé de la population locale (Aspects nutritionnels de la Spiruline, Antenna Technologies). Le marché porteur de cet algue dans le secteur des compléments alimentaires, y compris dans les pays du Nord, a conduit des entreprises de biotechnologies à exploiter ses ressources en la modifiant avec des technologies propriétaires, mais la spiruline possède naturellement des qualités en faisant un outil sérieux de lutte contre la malnutrition, dont le coût est inférieur à 7 dollars US le kilo .

En sa qualité de micro-algue naturelle, elle est une source d’éléments hautement assimilables, dont le fer, et constitue un apport protéique très satisfaisant pour les enfants et nourrissons. Aussi, 10 g de spiruline couvrent 100% des apports journaliers recommandés en fer pour un adulte, et elle contient deux fois plus de protéines que le soja et trois fois plus que la viande de boeuf. Elle est aussi très riche en vitamines (A. BI, B2, B12, E), mais aussi en calcium, phosphore, magnésium et contient de l’acide gamma-linoléique (biologiquement utile et rare dans l’alimentation courante). La culture de la spiruline est facile car elle se fait dans des bassins ensoleillés de quelques décimètres de profondeur, dans une eau alcaline (pH proche de 10) et maintenue à une température comprise entre 30 et 35 °C. La production de spiruline atteint 20 grammes par mètre carré par jour. Après filtration, égouttage, lavage, puis séchage, on obtient une fine poudre verte, que l’on peut incorporer dans l’alimentation.

10 grammes par jour de Spiruline, avec une céréale et de la vitamine C, suffit pour combattre la malnutrition.

La spiruline dispose aussi du plus fort rendement en protéines par hectare comparativement à d’autres cultures alimentaires traditionnelles:


et nécessite la plus faible consommation en eau.

 

Alors que cette micro-algue est reconnue comme outil efficace contre la malnutrition, comment expliquer qu’à Haïti, la consommation de galettes de boue se généralise ? Comment expliquer que le lobby proOGM vante des semences brevetées extrêmement coûteuses à la production comme remède à la faim dans le monde, alors que beaucoup de paysans de pays du Sud ne peuvent pas déjà s’acheter de semences traditionnelles ?

 

La nécessaire reconduction de l’agriculture vivrière dans les pays du Sud

L’autonomie alimentaire des populations est une priorité vitale pour de nombreux pays. Alors que des multinationales veulent cultiver des terres pour produire du carburant de voitures, la crise alimentaire mondiale est plus que jamais une réalité urgente: en 2006, 18 000 enfants meurent de faim par jour. Cette situation catastrophique ne semble pas toucher les dirigeants occidentaux qui modèlent le monde et l’agriculture selon des schémas de croissance spéculative d’intérêts privés, et alors qu’une multinationale comme Monsanto affiche en 2008 des profits records : son bénéfice net a atteint cette année 1,129 milliard de dollars, en hausse de 107% par rapport à la même période de 2006/2007. En 2006, le Président de la FAO, Jacques Diouf, déclarait, lors du lancement du rapport annuel "L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde" : "Loin de diminuer, le nombre de personnes affamées dans le monde est en train d’augmenter - au rythme de 4 millions par an". Ce même organisme reconnaissait en 2004 le caractère primordial de la biodiversité pour l’avenir de l’agriculture, et affirmait que malgré la diversité végétale, l’humanité dépend d’un "nombre de plus en plus restreint de variétés agricoles pour son alimentation". Cet état de fait est dû à la spécialisation des semences sélectionnées par les firmes semencières et les organismes normalisateurs en agriculture. Les monocultures de l’agriculture intensive, et le développement de l’industrie agro-alimentaire ont ainsi favorisé l’appauvrissement de la diversité agricole pour des questions de rentabilité, mais aussi de facilités de traitements et de transformations par l’industrie. De plus, la propriétarisation de ces semences, par des obtentions, et plus récemment, par des brevets, empêche l’agriculteur de pouvoir reproduire naturellement et gratuitement ses semences, et d’en faire l’échange, au niveau local. La monétarisation des cycles biologiques naturels et leur propriétarisation par le développement légaliste de l’industrie semencière retirent aux agriculteurs la sécurité d’une autonomie dépendant principalement de l’usage de bonnes pratiques agricoles, nécessaires à la reproduction de plants de bonne qualité.

Alors que dans de nombreux pays en voie de développement, les produits agricoles importés reviennent moins chers que les cultures vivrières locales, la situation des agriculteurs se fait de plus en plus difficiles. Cette déconstruction de l’économie agricole locale et de l’agriculture vivrière est le résultat d’une politique des grands flux de matières premières élaborée par l’Organisation Commerciale du Commerce, prônant l’idéologie économique d’un Marché Unique Mondial compétitif et concurrentiel comme seule voie de développement. Alors que la compétition est tronquée à l’avance, et que la faim tue chaque jour, une reconsidération de la politique agricole mondiale devrait inévitablement voir le jour afin de permettre à chaque unité territoriale la possibilité de garantir à sa population une autonomie alimentaire, si réellement le problème de l’alimentation dans le monde est considéré dans toute son ampleur. Malgré les efforts de propagande réalisés par le lobby proOGM, ces technologies sont reconnues comme n’étant pas une solution au problème multifactoriel de la faim dans le monde. Bertrand Hervieu, président de 1999 à 2003 de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) organisme pourtant plutôt favorable aux OGM, reconnaissait devant les industriels semenciers cet état de fait lors d’une conférence sur la question à la Cité des Sciences et de l’Industrie, intitulée "Les OGM peuvent-ils nourrir le Tiers-Monde ?" : "il faut reconnaître que le problème de la faim dans le monde est d’abord d’ordre politique, économique et social. L’organisation des échanges et l’accès aux moyens de production (notamment aux semences) sont, à ce titre, les défis les plus immédiats de la question alimentaire mondiale." La réponse est donc clairement non : la faim dans le monde n’est pas un problème d’innovation technologique, mais bien celui d’une restructuration de l’économie agricole au sein de chaque territoire concerné, et notamment de la possibilité d’accès des populations aux semences et aux produits alimentaires locaux, en favorisant les circuits alimentaires courts.

Crédit graphiques: Compagnie Tourne-sol

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