Anti-OGM: Contre l’imposition des OGM

Détruire le mythe autour des O.G.M non confinés

OGM: entre corporatisme et bien public ?

Posté par ... le 1/3/2008

Début 2007, un hoax informatif[1] présentant un intéressant documentaire de Canal + sur les OGM, a été l’objet d’un "buzz" et a suscité de nombreuses réactions sur le Web et dans la blogosphère. Les questions soulevées par cet événement n’ont pas toujours été traitées avec assez de recul, et le documentaire a été l’objet de nombreuses critiques masquant l’intérêt de cette enquête.

  • Opacité et contrôle citoyen

Il apparaît que la diffusion du documentaire "OGM : l’étude qui accuse"(voir) de M. Despratx pour l’émission 90 minutes et présenté comme "interdit d’antenne" a suscité alors, plus de réactions autour de la manière dont ont été diffusées ces informations que de réflexions mesurées autour de la question des OGM elle-même.

Ce documentaire, très sceptique sur ces produits de l’industrie agrochimique, a en effet été diffusé sur Canal+ en 2005 et s’il est "interdit d’antenne", c’est bien sans doute parce que l’émission 90 minutes n’existe plus et non du fait d’une censure de la chaîne elle-même. Son producteur, Paul Moreira, à l’initiative de la campagne "Libertés d’informer", s’est fait spécialiste des documentaires d’investigation dévoilant les coulisses de l’information[2]. Le véritable problème soulevé par cette enquête est celui de la grande difficulté que rencontrent les journalistes et simples citoyens pour obtenir des informations fiables et essentielles sur des sujets très importants et d’intérêt public, comme l’impact sur la santé de ces produits destinés à la consommation animale et humaine.

Selon M. Moreira, "l’opacité est dans le code génétique de l’administration". Effectivement, dans le cadre de la problématique concernant les OGM, les instances décisionnelles en charge de ce dossier ont fait et font toujours preuve d’une absence étonnante de transparence, relayée par la plupart des médias français. Un article publié sur AgoraVox s’est attaché à montrer les faiblesses argumentaires du documentaire de M. Despratx, mais sans saisir véritablement l’enjeu essentiel de celui-ci, qui est la question de la transparence et de la liberté d’informer.

Les OGM sont-ils dangereux pour la santé ? Qu’en est-il réellement ? Parler de danger est déjà entrer dans le domaine des émotions, donc, à moins d’instaurer un tabou généralisé sur cette question, la réflexion et l’analyse de la problématique OGM doit obligatoirement inclure et prendre en compte à un certain niveau les caractères humains, émotionnels, mais aussi culturels des différents peuples de la planète. Aussi, pour aborder cette question complexe, faut-il replacer les OGM dans leur contexte et clarifier les amalgames autour de ces technologies dont l’intérêt est aussi économique dans l’optique d’une mondialisation de type "corporatiste"[3]


  • L’agriculture transgénique est une agriculture de laboratoire

Par agriculture de laboratoire, il faut entendre que les produits transgéniques, plants et semences, sont nés de techniques artificielles de transgénèse en laboratoire (ou génie génétique). Là encore, les mots sont générateurs de confusion : pour certains la transgénèse est considérée comme indépendante de l’acte technique de laboratoire et existe à l’état naturel. Il convient de rappeler que la méthode de transgénèse (modification du matériel génétique d’une cellule) est issue de l’observation de phytopathologistes chargés d’étudier des bactéries du sol (Agrobacterium tumefaciens) responsables de la diffusion aux plantes de la maladie appelée la galle du collet (crown gall). La particularité de cette bactérie est de pouvoir incorporer du matériel génétique pathologique étranger dans les cellules de la plante sur laquelle elle se trouve. Cette bactérie est couramment utilisée pour créer de nouvelles plantes transgéniques, en remplaçant les séquences génétiques pathologiques par des séquences génétiques d’intérêt. La fabrication des OGM végétaux est donc directement issue de l’application artificielle d’un processus naturel de diffusion d’une maladie chez les plantes.


  • Ce qui distingue l’agriculture transgénique de l’agriculture traditionnelle

L’incorporation de transgènes dans une cellule-hôte lors de la fabrication d’OGM nécessite le recours à des techniques dont l’incidence sur le matériel génétique, la cellule et la plante est peu ou n’est pas connue. La complexité des intéractions génétiques connues ne suffisent pas à décrire l’ensemble des comportements biologiques observables, et les conséquences des modifications apportées ne sont pas prévisibles de manière très fiable. Si certains facteurs peuvent être contrôlés de manière relativement satisfaisante en laboratoire et à court terme, notamment en ce qui concerne les caractères recherchés, les modifications réelles apportées à l’organisme en situation de culture ne sont tout simplement peu - ou ne sont pas - connues car pas ou peu recherchées. Il apparaît de plus, que l’expression génétique des transgènes n’est pas stable dans nombre de cas, comme le montre une étude sur le coton Bt en Inde [4].Enfin, une grande partie du matériel génétique est considérée comme inutilisable par les développeurs de l’agriculture transgénique car l’observation de la manipulation de ce matériel révèle que celle-ci est sans effet, ou que les modalités biologiques qui y sont liées sont inconnues. Certains scientifiques n’hésitent pas d’ailleurs à parler d’ADN poubelle pour justifier leur manque de connaissance à ce sujet.

  • Et les méthodes de sélections traditionnelles ?

La frontière très mince entre culture et nature dans ce domaine, d’autant plus mince que l’agriculture s’occupe de la gestion et du développement d’organismes vivants, est encore plus mince dans l’esprit de certains chercheurs qui considèrent que celle-ci n’existe tout simplement pas. Cependant, l’avènement de la génétique et des méthodes mécaniques de modification génétique des organismes vivants entrent en contradiction avec le modèle de développement de l’agriculture tel qu’il a vu le jour au cours de l’histoire de l’humanité. La sélection continue des espèces variétales et l’amélioration des techniques agricoles se sont en effet toujours inspirées des observations que l’homme a pu faire de la nature, en tenant compte des caractéristiques reproductives propres aux espèces. Avec le développement de la microscopie et des moyens d’observation et d’analyse du vivant, les scientifiques développant les OGM rusent avec les processus biologiques naturels en les détournant et modifiant des caractères héréditaires par des moyens ne relevant ni de la biologie du développement, ni de la biologie évolutionniste, mais plus vraisemblablement de la phytopathologie, c’est-à-dire à partir de processus exogènes à l’origine, destructurants pour la cellule ou la plante elle-même (voir OGM et tumeurs végétales) .


  • Les risques liés aux OGM

Il existe des risques et des dangers connus, et des risques et dangers inconnus liés aux OGM, et ceci à la fois dans les domaines sanitaire, environnemental et économique, ce qui fait de l’imposition des OGM une action éthiquement, démocratiquement, et scientifiquement déplorable. Si dans le secteur végétal, la traçabilité peut permettre de contenir assez rapidement des risques allergiques ou des intoxications, l’effet à long terme d’une alimentation OGM sur le système biologique humain (notamment immunitaire) est inconnu. Aux Etats-Unis, le non-discernement des filières agricoles par les instances politiques a, de fait, interdit toute possibilité d’études de l’impact de la consommation d’OGM sur la santé humaine. Dans le secteur animal, la non-traçabilité des OGM (excepté la filière biologique) interdit à une grande partie des citoyens de choisir leur mode de consommation. Le peu d’études à caractère sanitaire ayant été menées sur des animaux ont déjà suscité de nombreuses interrogations et divisions au sein de la communauté scientifique. Les firmes agrochimiques affirment tester la non-toxicité de leurs produits conformément aux règles sanitaires en vigueur, mais aucune étude scientifique sérieuse n’a en fait réellement été menée, car elles impliqueraient des expérimentations certifiées par l’OMS et les comités scientifiques territoriaux sur des durées relativement longues. De même, l’absence d’une Réglementation mondiale de l’environnement, indépendante des pressions des lobbies industriels, interdit tout contrôle et toute mesure relative à la protection de la biodiversité et de l’environnement à l’échelle internationale, hors des principes purement économiques régulant aujourd’hui les activités humaines par le biais de l’OMC. La contamination des cultures et la dissémination des transgènes (dont la plupart sont relatifs à des résistances à des herbicides) sont un fait avéré, à tel point que l’agriculture biologique se voit même imposer un seuil limite de présence d’OGM dans ses récoltes, les agriculteurs bio ne pouvant être assurés contractuellement pour d’éventuels dédommagements en cas de déclassement, ce qui indique manifestement une impossibilité, pour la loi, de garantir des filières complètement exemptes d’OGM.


Les principes de la mondialisation corporatiste, basés sur le libre-échange et la propriétarisation, et transposés dans le domaine du vivant notamment par le système des brevets aussi bien sur la matière vivante que sur des organismes à part entière, sont générateurs du malaise actuel concernant la problématique OGM. La recherche de nouveaux marchés dans la compétition économique pousse les Etats à se conformer à des modèles de développement économique n’épargnant aucun secteur des activités humaines, et au détriment, le plus souvent, des considérations éthiques, de la concertation citoyenne, de la réflexion transdisciplinaire, dans l’optique premier d’intérêts particuliers, à défaut de jamais définir ce que pourrait être le bien public, à l’heure de la mondialisation.

(par AB) 

1Fausse information sur le net et vrai reportage, 20minutes.fr, 05/02/07

2Dans son livre, "Les nouvelles censures (dans les coulisses de la manipulation de l’information)", Paul Moreira développe avec de nombreux exemples à la clé, la manière dont certaines informations sont écartées voire marginalisées dans le flot continuel de l’actualité.

3 Sur la mondialisation corporatiste, voir par exemple le documentaire "The Corporation" partie 1, partie 2

4 Sur les variabilités de l’expression des transgènes dans le cas d’un coton Bt voir : Temporal and intra-plant variability of Cry1Ac expression in Bt-cotton and its influence on the survival of the cotton bollworm Helicoverpa Armigera (Hübner) (Noctuidae : Lepidoptera), Central institute for cotton research, India. (pdf)

 

crédit photos:

-Canal+ "90 minutes" ,

-France 3 "C’est pas sorcier" - Du riffifi dans les gènes,

-OGM-info (site intéressant, plus disponible, voir archives)

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