Anti-OGM: Contre l’imposition des OGM

Détruire le mythe autour des O.G.M non confinés

La chine tombe-t-elle dans le piège américain ?

Posté par ... le 12/8/2008

中国是否落在美国陷井?

Alors que les Jeux Olympiques, d’inspiration grecque, occasionnent le rapprochement entre les cultures orientales et occidentales, sous fond de globalisation économique, “le gouvernement chinois vient de renouveler le financement des recherches sur les cultures transgéniques”, selon une dépêche cyberpresse.

On y apprend également que: "La Chine a mis du temps à se lancer dans la culture d’OGM mais, selon l’ISAAA(1), l’organisme de référence en biotechnologie, le pays est déjà celui qui produit la plus grande variété d’OGM. Des papayes, des tomates et des poivrons transgéniques poussent déjà dans l’empire du Milieu." Quelle est l’histoire de la position de ce pays au regard des cultures OGM ?

La Chine a été la première nation à avoir cultivé pour le commerce une plante transgénique -un plant de tabac résistant à un virus, en 1992-, et a pourtant décidé d’en stopper la culture (portant sur 1.8 million d’hectares) en 1997, suite aux décisions de compagnies américaines productrices de cigarettes, notamment pour le Japon, en prévision d’une possible réaction négative des consommateurs au tabac génétiquement modifié (2). La chose est somme toute étonnante car le tabac est déjà en soi un danger pour la santé publique: autoriser la culture d’aliments GM et interdire celle de tabac GM semble pour le moins contradictoire, et indique bien que finalement, les questions d’autorisation de cultures relèvent plus de l’opportunité créée par des marchés économiques, que d’une préoccupation réelle concernant la santé publique ou l’environnement. Et tout autant étonnant, est le fait que le développement des OGM en Chine, entièrement contrôlé par le gouvernement et "sans tenir compte de l’opinion du public ou de celle du monde académique" (3), ait été à ce point influencé par les décisions de compagnies étrangères, et notamment américaines.

En effet, c’est en 1995, que Monsanto introduisit le coton transgénique en Chine, en s’associant notamment avec des entreprises locales, et créant ainsi un climat favorable aux biotechnologies mais déstabilisant pour les cultivateurs du pays (3). A partir de l’année suivante, les importations de soja transgénique de chez Monsanto en provenance d’Amérique ont fortement augmenté, facilitées notamment par le fait que la Chine était alors en négociation pour entrer dans l’organisation mondiale commerciale en construction. Ce n’est qu’en 1997 qu’un Comité de Biosécurité Chinois fût établi, donnant à retardement des avis favorables aux cultures de variétés OGM déjà en cours alors, comme le coton, les tomates, poivrons, piments et pétunias transgéniques (2). Le 11 décembre 2001, alors que les cultures d’OGM étaient déjà bien établies dans le pays, la Chine devenait membre de l’Organisation Mondiale du Commerce, un mois après le début des négociations de Doha portant sur la libéralisation du commerce mondial, en novembre 2001, et entamées après les attentats du 11 septembre.

Après le fiasco des rencontres de Seattle en 1999, les attentats de Manhattan ont fortement influencé la tenue des négociations de Doha, alors qu’une coalition mondiale autour des Etats-Unis prenait forme pour lutter contre le terrorisme global, concept inventé par l’administration Bush pour justifier la mise en place d’une politique de guerres préventives en Afghanistan et en Iraq. Aussi, Daniel Yergin, écrivain et chercheur en économie, co-auteur de "Commanding Heights: La bataille pour l’économie mondiale" (1998) affirme que lors de la transcription en film-documentaire de son livre en 2002, les attaques ont eu un effet tellement important sur la mondialisation, que le scénario a été conduit de manière à faire figurer le 11 septembre au début de chacun des trois épisodes (4). Mais l’impact du 11 septembre a également donné un coup de massue immédiat à toutes les volontés d’organisations de manifestations civiles entourant les réunions de l’OMC, et ayant jusqu’alors ouvertement contesté et critiqué la politique agricole de cette organisation, notamment en ce qui concerne les organismes génétiquement modifiés.

La diffusion d’OGM commerciaux en Chine a de plus été favorisée par l’absence de dispositions de contrôle sur les aliments génétiquement modifiés importés jusqu’en 2002 (3), qui a permis à l’idéologie des OGM marchandises équivalentes en substance, élaborée et mise en place dès 1992 aux Etats-Unis, de se développer dans le pays. Mais qui décide de ce qu’est une marchandise ? L’OMC, organisation sous auto-contrôle, a tout simplement statué que comme les OGM sont une marchandise aux Etats-Unis, elles doivent obligatoirement l’être aussi dans le reste du monde. Et ce n’est sans doute pas un hasard d’apprendre avec Marie-Monique Robin que "le n° 2 de l’OMC était un ancien cadre de Monsanto", et que "par ailleurs un des textes les plus controversés de l’OMC, celui des « accords triples », a été rédigé par Monsanto lui-même".

Aussi, à n’en pas douter, les dépêches se suivent et nombre de journalistes répètent sans mots ouïr, les mêmes idéologies reçues et promues au niveau des grandes instances du commerce international, faisant d’une technique scientifique, celle de l’ADN recombinant, un moyen de produire des organismes vivants génétiquement modifiés brevetés, c’est-à-dire sous la juridiction de la propriété intellectuelle . Ainsi, quand une dépêche d’Univers-Nature nous informe également que "le premier ministre Wen Jiabao souhaite que son pays se dote rapidement d’une réserve de gènes à haute valeur ajoutée permettant à l’agriculture chinoise d’afficher des rendements élevés et une bonne résistance aux ravageurs (insectes, etc.)", il est assez évident de voir que les instances chinoises relayées par des médias ne disposant que de peu de recul, ont succombé aux sirènes des lobbies de l’agroindustrie. En effet, un gène n’a en soi aucune valeur ajoutée, et si un transgène apporte une fonction nouvelle à un organisme pré-existant, avec d’autres effets collatéraux prouvés ou potentiels, c’est là effectuer un amalgame complètement idéologique entre d’un côté un concept scientifique, celui de "gène" et de l’autre, un concept économique, celui de "valeur ajoutée". Cela dit, l’interprétation du discours du Premier Ministre Chinois lors de sa traduction a également pu être sujette à déformation, le développement de variétés de plantes localement compatibles par les moyens d’hybridation fine, et de sélection moderne, pouvant effectivement permettre, sans avoir recours aux OGM, la constitution d’une réserve biogénétique active, et nécessaire au développement d’une agriculture de haute qualité. 

Au-delà de l’idée de contamination génétique, conséquente à la dissémination des OGM, l’idéologie commerciale réductrice a également déjà contaminé de nombreux cerveaux comme l’indique la conclusion de la dépêche intitulée: La Chine va investir dans les OGM pour son indépendance alimentaire. Outre le fait que la Chine a déjà acquis l’auto-suffisance alimentaire en 1995 (3), la conclusion du journaliste reflète le caractère exclusivement commercial et idéologique de la diffusion de ces produits, en affirmant que "les producteurs d’OGM n’ont visiblement pas encore trouvé les déclinaisons transgéniques à même de séduire les agriculteurs ", et de terminer par l’axiome marchand: "le marché reste donc très ouvert". En 2006, un article de Libération traduisait déjà de manière effective le problème de cette contamination idéologique économique entre les deux grandes puissances représentées par la Chine et l’Amérique, dans un article ne parlant pas des OGM, mais au nom ô combien évocateur: "Chine-Amérique ou la «Chimérique»" (5).

(1)L’ISAAA est un organisme international de promotion des OGM, sponsorisé par des états, des banques, et des multinationales de biotechnologie. C’est une sorte de think-tank de propagande technoscientifique.

(2)Pray, C., & Huang, J. (2007). Biofortification for China: Political responses to food fortification and GM technology, interest groups, and possible strategies. AgBioForum, 10(3), 161-169. Available on the World Wide Web: http://www.agbioforum.org.

(3)Les défis de la sécurité alimentaire en Chine. La législation actuelle est incapable de protéger les consommateurs, victimes de producteurs avides de profits. Bian Yongmin, Perspectives chinoises n° 82, mars - avril 2004, page n°4

(4)Le documentaire, présentant une vision très libérale de l’économie, est visionnable en version originale sur le site de la chaîne PBS.

(5)"Chine-Amérique ou la «Chimérique»" par Christian Mégrélis, chef d’entreprise et auteur de Keys for the Future, Lexington Books, Massachusetts, Etats-Unis, Libération, 06/08/07

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